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Les autres navires du “Gulf Trip” épisode 4: Le M/V Morialta

Le Gulf trip ou croisière du golfe consistait en un parcours de 780 milles marins autour du golfe de Spencer au sud de l’Australie. Ce circuit, qui deviendra une institution, perdurera jusqu’au début de années 1960, ou la concurrence du rail et de la route mettra fin à une aventure de plus d’un demi siècle. C’est dans cette histoire que s’inscrit le Moonta-futur Lydia qui reste aujourd’hui le seul survivant des navires qui pratiquaient cette ligne: Le ss Rupara, le ss Paringa, Le mv Minnipa, le mv Moonta et le mv Morialta.

                              Le m/v Morialta                            

Le MV Morialta, second du nom

En 1938, l’Adelaide Steamship Co. a décidé qu’ils avaient besoin d’un nouveau navire pour assurer la liaison du “Gulf Trip” en complèment des très populaires Minnipa et Moonta. Il se nommera Morialta, second du nom, puisque l’Adelaïde Steamship Co avait déjà armé entre 1911 et 1919 un paquebot du même nom qui avait, durant un an en 1914, assuré lui aussi le service du “Gulf Trip”. Contrairement à ses deux compagnons, ce dernier navire sera avant tout axé cargo, le transport de passagers venant en complément d’activité.

Le SS Morialta, premier du nom
Le MV Morialta à quai à Adélaïde

 

 

Les dirigeants de la compagnie ordonnent donc la construction d’un nouveau navire à moteur diesel de 1365 tonnes, auprés des chantiers  Caledon Shipbuilding and Engineering Co. à Dundee, Ecosse . 

En septembre 1939, l’Adelaide Steamships Co nomme un des ses  plus expérimentés capitaine, Dick Tobin, âgé de 47 ans,  pour superviser la construction, et convoyer le nouveau navire en Australie.

Le Morialta a été lancé à  Dundee le 7 mai 1940 par Mme Amy Vera Filmer épouse du directeur à Londres de l’Adelaide Steamship Co .

 

Caractéristiques :

  • Longueur : 69,3 m. (91 pour le Moonta)  largeur: 12,5 m.  
  • Diesel, vitesse 12 nœuds 
  • 1379 tonnes de jauge brute (soit moitié moins que le Moonta 2693 t.)
Le MV Morialta en pleine manoeuvre d'évitement dans le port d'Adélaïde

Les années de guerre:

Pourtant rien ne se passe comme prévu. Dès son achèvement le Morialta est réquisitionné par le ministère des Transports de guerre britannique pour être utilisé comme Trooper (transport de troupe). Dans cette optique il est  armé Sur l’arrière d’un canon Oerlikon. Il prend alors la dénomination de  DEMS (Defensively equipped merchant ship).

Le Morialta en 1940 juste après son lancement et armé défensivement. Le lourd canon Oerlikon est facilement visible à l'arrière. [Archives de la ville de Dundee]

Le 21 Février 1941, le Morialta sous le commandement de Dick Tobin  rejoint une flottille comprenant le HMS Reine Emma, la princesse Beatrix et une escorte navale de 5 destroyers. L’escadre  quitte Scapa Flow dans les îles Orcades destination les iles Lofoten ou se trouvent des usines norvégiennes d’huile de poisson. Leur destruction serait un coup à la production de glycérine allemande nécessaire comme matière première pour la production d’explosifs. Au total, 11 usines et 5 navires furent détruits, 225 Allemands sont fait prisonniers et aucune perte n’est à déplorer

On notera le canon en poupe, du même type que celui qui équipa le Moonta
Capitaine Dick Tobin

 

 

Le dimanche 7 Juin 1942, c’est à bord du Morialta que le roi George VI  passe en revue la flotte britannique à Scapa Flow  escorté par les HMS Wainwright, Ledbury, et Wilton.

Cet événement est rapporté dans le Times (11 Juin 1942, p 6) comme suit:

 

 

«À la fin de sa visite, le roi a rendu hommage à la marine marchande en naviguant à travers la flotte sur un navire auxiliaire marchand afin de passer en revue  les  navires de guerre américains et anglais à partir du pont d’un petit bateau [le Morialta] construit pour le  cabotage en Australie.”

Pendant 3 ans et demi  le Morialta parcourra  la mer du Nord transportant des troupes et de fret. Lors de deux occasions, le Morialta rejoindra des convois.

En 1943, le navire s’offre un carénage bien mérité afin de le préparer pour un nouveau le service de guerre en Méditerranée.

En 1944 , il est transféré sur le  théâtre méditerranéen où il prend part aux débarquements dans le sud de la France en Septembre. Sur son chemin de retour à Marseille de Oran il est remorqué jusqu’à Alexandrie où il est réparé. Le Morialta y restera  jusqu’en Juin 1945.

 

Aprés la guerre:

En 1946 – le Morialta quitte enfin Alexandrie pour Colombo et Singapour pour y transférer des explosifs.  

 

 

L’Adelaide Steamship Co, qui n’a pas encore vu son nouveau navire, en prend enfin possession le 1 mai 1946 lors de son arrivée à Adélaïde, 5½ ans après avoir quitté les chantiers de construction . Le navire est alors réaménagé pour son objectif initial, et commence le service pour lequel il avait été conçu: le fameux “Gulf Trip” autour du golfe Spencer .

 

Le Morialta quittait généralement Port-Adélaïde le mardi et visitait Tumby Bay, Port-Neill, Arno Bay, Wallaroo, Cowell et Whyalla. La croisière de 4 jours coûtait 9 livres australiennes.


Il assurera ce service sans discontinuer jusqu’en  1957, ou l’Adelaide Steamship Co. décidera de le vendre, deux ans après le Moonta. Il aura donc briqué pendant 11 ans les eaux du Golfe de Spencer dont 9 ans en compagnie du Minnipa et du Moonta. Fin de carrière australienne donc pour ce navire à la silhouette étrange dont certains diront quelle semble tout droit sortie d’un dessin enfantin. Il laisse donc seul le Minnipa sur le “Gulf Trip”, service que ce dernier assurera encore pour trois ans jusqu’en 1960

 

Le Waiben

 

 

Le Morialta est cédé cette même année à la compagnie  John Burke Ltd qui le rebaptise Waiben.

Sous son nouveau nom il assurera un trafic mixte passagers et fret essentiellement a destination de ports australien, voire vers la Nouvelle Guinée.

Fin de carrière:

Le Waiben est une nouvelle fois vendu le jeudi 19 Novembre 1964 et acquis par la Société Mar Vate Vila aux Nouvelles – Hébrides (Nouvelle – Calédonie), rebaptisé Jacques Del Mar  et immatriculé à Nouméa.

Quatre ans plus tard, en 1968, il est une nouvelle fois vendu à la Seaview Navigation Corporation (Panama), et rebaptisé Longlife.

Au début de 1972 , il est rebaptisée Royale Martin par les mêmes propriétaires. En 1973 , il est enfin rebaptisé Ile Pearl (Panama), mais cette fois-ci exploité par la socièté Empire Navigation basée à Singapour.

Le 23 Décembre 1973, Le Morialta et Cie heurte une mine dans l’estuaire du Mékong lors d’une traversée entre Phnom Penh et Singapour alors qu’il transporte une cargaison de caoutchouc et de  ferraille. Il est entièrement perdu.

Tout comme le Rupara et le Parringa, ses prédécesseurs sur le « Gulf Trip », il a définitivement rejoint le fond des océans.

NB: Une parties des photos et la majeure partie du textes (traduit et raccourci) sont issus du site: http://indicatorloops.com/waiben/

 

Le navire précédent: le m/v Minnipa    ICI

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Les autres navires du “Gulf Trip”: Episode 3 – Le M/V Minnipa –

Le Gulf trip ou croisière du golfe consistait en un parcours de 780 milles marins autour du golfe de Spencer au sud de l’Australie. Ce circuit, inventé par la compagnie Australienne Adélaïde Steamship Co Ltd,  deviendra une institution et perdurera jusqu’au début de années 1960, ou la concurrence du rail et de la route mettra fin à une aventure de plus d’un demi siècle. C’est dans cette histoire que s’inscrit le M/V Moonta-futur Lydia qui reste aujourd’hui le seul survivant des navires qui pratiquaient cette ligne: Le s/s Rupara, le s/s Paringa, Le M/V Minnipa, le M/V Moonta et le M/V Morialta.

                                Le M/V Minnipa

Un profil très similaire au Moonta

MV Minnipa,  du nom d’une petite ville australienne, était un paquebot-mixte exploité par l’ Adelaide Steamship Company et qui pratiquera le trajet du Gulf trip de 1927 à 1960 sans discontinuer.

Construit en 1927 à Copenhague par les chantiers Burmeister et Wain, le Minnipa était un navire à moteur diesel de 2012 tonnes, soit plus petit que le Moonta de 600 tonnes mais avec une silhouette assez semblable. 

Véritable prototype du futur Moonta, le Minnipa mesurait 81.7 mètres de long pour 12.2 mètres de large, avec un tirant d’eau de 4.5 mètres max, et vitesse 15 nœuds.

Le Minnipa se différait notamment du Moonta par une poupe très classique et surplombante, là où son cadet optera pour un arrière plus moderne de type “croiseur”.

En outre son quasi sister-ship sera plus grand de 10 mètres en longueur et d’un mètre en largeur. même motorisation en revanche ce qui explique la vitesse légèrement supérieure du Minnipa: Un diesel Burmeister & Wain de 2800 cv

Le Minnipa a été construit spécialement pour la ligne Port Adélaïde – Port Lincoln  pour concurrencer  le Wandana de la compagnie concurrente de L’Adélaide steamship sur le parcours du golfe, autrement dit le “Gulf Trip”

 

Il pouvait embarquer jusqu’à 150 passagers en cabine et 50 lits temporaires pourraient être mis en place dans la salle principale.

Ces intérieurs soignés en feront rapidement la coqueluche du “Gulf Trip”, positionnant la compagnie comme leader sur ce parcours et provoquant de fait la construction du Moonta, une version plus grande et améliorée.

 

 

 

Moins d’un an après son entrée en service, en 1928, le Minnipa s’échoue à l’extrémité sud de l’île de Boston suite à un erreur de navigation. On parviendra finalement à l’extraire de ses rochers mais il restera hors service pendant cinq semaines le temps d’effectuer les réparations nécessaires.

Le navire reprendra néanmoins du service au terme d’une mise en cale sèche pour réparer les dégâts occasionnés à la coque.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, tout comme le Moonta, il sera équipé d’un vieux canon de la première guerre mondiale. Une arme à feu qui sera montée sur le rouf arrière pour assurer la protection du navire.

Le Minnipa au cours du Gulf Trip, touchait Port Lincoln deux fois par semaine et terminera sa carrière le 29 Juin 1960, soit cinq ans après la vente du Moonta à une compagnie Grecque. Il aura parcouru plus de 1 million de miles, faisant plus de 3300 allers-retours et transportant plus de 525.000 passagers.

Dernier navire à assurer le “Gulf Trip” il mettra donc fin à une aventure de plus d’un demi-siècle.

Il a été vendu la même année à la compagnie  Atlas Co de Hong Kong pour être démoli. Il le sera effectivement trois ans plus tard. Sept ans après, son frère Moonta commençait sa troisième vie sur une plage du sud de la France.

                                                                 Olivier Alba

Le navire précédent: le s/s Paringa   ICI

Le navire suivant: le m/v Morialta       ICI

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Les autres navires du “Gulf trip”: Episode 2 – Le ss Paringa –

Le « Gulf trip » ou croisière du golfe consistait en un parcours de 780 milles autour du golfe de Spencer au sud de l’Australie. Ce parcours, qui deviendra une institution, perdurera jusqu’au début de années 1960, ou la concurrence du rail et de la route mettra fin à une aventure de plus d’un demi-siècle. C’est dans cette histoire que s’inscrit le Moonta-futur Lydia qui reste aujourd’hui le seul survivant des navires qui pratiquaient cette ligne: Le ss Rupara, le ss Paringa, Le mv Minnipa, le mv Moonta et le mv Morialta.

                             Le ss Paringa

Les couleurs de L'Adelaide Steamship Co Ltd

 

 

Le cargo-mixte S/S Paringa fut construit  en 1908 par les chantiers Scott de Kinghorn Ltd pour le compte de l’Adelaïne Steamship Company Ltd.

C’est un navire d’une longueur de 71 mètres (20 mètres de moins que le Moonta) et d’une largeur de 11 mètres pour un tonnage de 1310 tonnes (soit la moitié du Moonta). Il était propulsé par une machine à vapeur à triple expansion, alimenté par des chaudières à charbon. Le tout pour une vitesse de 11 nœuds en service courant.

 

 

Mais ce qui surprend le plus avec ce navire c’est  sa silhouette: Un franc bord assez bas, des superstructures en deux parties, et surtout son étrange cheminée placée très en l’arrière et dessinée façon “tuyau de poêle”

Port d'attache: Adélaïde

Aucun observateur, même le plus impartial ne pourrait affirmer que ce fût un navire élégant, même si son succés sur le “Gulf trip”, avec son compagnon le Rupara, permettra la mise en service de la génération suivante de paquebots.

Le s/s Paringa assurera le service sur le “Gulf Trip” conjointement avec le Rupara. Lors de ce périple, il desservait les villes de Port Lincoln, Port Pirie et Port-Augusta; plus tard Port-Hughes et Whyalla furent inclus au périple devenu de plus en plus populaire.

Certains ports du “Gulf trip”, en eau peu profonde, obligent les navires comme le Paringa à s’amarrer au bout de longues jetées où ils côtoient encore les grands voiliers cargo qui rejoindront l’Europe chargés des matières premières dont son industrie à besoin.

Le Paringa est donc un navire populaire auprès de ses voyageurs même si le fret reste tout de même sa mission principale. En effet l’Australie méridionale est presque dépourvue d’infrastructures de transport. 

Passagers posant sur le Paringa. Tout une époque.

Occasionnellement il sera détourné de la croisière du golfe pour assurer le ligne Adélaïde/Sydney.

Avec l’arrivée en service d’unités plus importantes comme le Moonta ou le Minnipa, le Paringa, désormais dépassé, est mis en vente en 1935 et cédé à une compagnie chinoise qui en prend possession à Port-Adélaïde au mois de décembre de la même année.

A la fin de ce même mois, alors qu’il a pris en remorque le vieux pétrolier Vincas, les deux navires rencontrent une tempête au large du promontoire de Wilson sur la côte ouest de l’Australie, au niveau du détroit de Bass.

Lorsque la remorque entre les deux navires se brisa, le Paringa disparut à jamais dans l’obscurité, sans que personne n’en ait jamais plus de nouvelles. 

Le Paringa fut déclaré disparu corps et bien, entrainant avec lui 5 officiers européens et 26 membres d’équipage chinois.Comme son compagnon le Rupara il gît aujourd’hui au fond de l’océan.

                                                                               Olivier Alba

Le navire précédent: le s/s Rupara   ICI

Le navire suivant: le m/v Minnipa      ICI

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Les autres navires du “Gulf trip”: Episode 1 – Le s/s Rupara.

Le “Gulf trip” ou croisière du golfe consistait en un parcours de 780 milles marins autour du golfe de Spencer au sud de l’Australie.Il fut initié par La Compagnie australienne  Adélaide Steamship Co Ltd au début du 20ème siècle, devenant rapidement un classique dans cette partie du monde et inaugurant le principe de la croisière quand la plupart des paquebots sont encore considérés comme de simples moyens de transport

Ce parcours, qui deviendra une institution, perdurera jusqu’au début des années 1960′, où la concurrence du rail et de la route mettra fin à une aventure de plus d’un demi siècle. 

C’est dans cette histoire que s’inscrit le MV Moonta, futur Lydia qui reste aujourd’hui le seul survivant des navires qui pratiquaient cette ligne: Le s/s Rupara, le s/s Paringa, Le m/v Minnipa, le m/v Moonta et le m/v Morialta.

Le parcours du "Gulf trip autour du Golfe de Spencer

              

                                   LE S/S RUPARA

                                                    (SS: Steamer Ship ou encore en français  navire à vapeur)

Le Rupara est le premier navire à avoir été affecté par L’Adélaïde Steamship Co Ltd à la “croisière du Golfe”, le fameux “Gulf trip”. Portant un nom aborigène désignant “une colline arrondie”, c’était un navire en acier de 1368 tonnes (la moitié du Moonta),  de jauge brute pour une longueur hors tout de 70 mètres, 11 mètres de large et 4 mètres de tirant d’eau. Sa machine à vapeur à triple expansion, attelée à une unique hélice, lui permettant d’atteindre la vitesse demandée pour le service, à savoir 11 noeuds. Le Rupara fût construit en 1905 et lancé Au Royaume-uni par les chantiers R & W Hawthorn, Leslie & Co  à Newcastle.

 

 

L’année suivante, il entre en service pour L’Adélaïde steamship Co qui l’affecte à une circumnavigation à travers le Golfe de Spencer au sud de l’Australie. Il partait de Port Lincoln vers la ville de Wallaroo, et retournait au retour à Port Adelaide via Port Lincoln.

Le Rupara au bout de la jetée de port Lincoln

 Il assurera ce service avec régularité jusqu’au premier conflit mondial durant lequel il sera détourné de son service pour assurer une liaison Cairns/Sydney, via le port de Brisbane sur la côte est de L’Australie. Le Rupara était capable de transporter un total de 102 passagers, dont 72 en première classe et 30 en seconde. 

                                                           Passagers à bord du Rupara

La corvée de charbon à bord du Rupara, gestes d'une autre époque

 

 

En 1920, rapidement démodé par le progrès technique, il est vendu à des intérêts à Hong Kong, la compagnie Burma Steam Navigation Co qui l’exploite jusqu’en 1920. 

                                             Membres d’équipage qui posent pour la photo


Désormais privé de passager, il est exploité alors comme simple cargo.

Sa nouvelle compagnie le revend au bout d’un an d’exploitation à une compagnie Américaine qui lui garde son nom dans un premier temps avant de le rebaptiser Heras de 1923 à 1924 puis finalement le renomme ss Malaya à partir de 1924 . Utilisé comme navire cargo sucrier, il sombre le 2 avril 1924, dans d’obscures conditions. 

Regardez bien ce profil. Bien, maintenant raccourcissez la cheminée et élargissez la, ça y est vous y êtes?

Le premier d’une série de navires qui feront les joies du « Gulf trip » et de ses passagers, et dont l’un des navires aura une carrière exceptionnelle. Le Rupara gît encore aujourd’hui au fond du Pacifique.

                                          Olivier Alba

Le navire suivant le s/s Paringa    ICI

Le « Paquebot des sables », piège pour les navigateurs ?

Alors que le Lydia entame sa carrière sur les sables depuis bientôt cinq mois, dans un rapport daté du 8 décembre 1967, les ingénieurs des PO émettent l’hypothèse que le Lydia présente un risque pour le trafic maritime.

En effet, sa présence particulièrement insolite sur le bord de la côte (à 120 mètres de la mer) inquiète certains responsables de l’administration. Ils pensent que le “Paquebot des sables” risque d’induire en erreur des navigateurs. Ils préconisent alors de le baliser.

Le "paquebot des sables" n'a jamais aussi bien mérité son nom: Il est seul au milieu de nulle part ! (photo août 1967)
L'enseigne pour l'hôtel avait bien été apposée sur la coque en 1967

Pourtant, face à ce problème, le Préfet Maritime ne voit pas la nécessité  d’un balisage particulier. Il est demandé tout de même au propriétaire du paquebot d’installer une enseigne lumineuse visible du large et reproduisant en lumière blanche fixe le mot HÔTEL

(il est encore question a ce moment là d’en ouvrir un à bord) ou tout autre mot ne prêtant à aucune confusion sur la nature du navire.

Feu rouge à tribord
Feu de poupe (blanc)
Au début de sa carrière tous les feux de positions du Lydia sont en place et fonctionnels: Il aurait été tentant de les allumer la nuit (sur la photos le feu vert babord et le feu de tête de mât)

Mais la Commission des Phares n’est pas favorable à l’installation de cette enseigne lumineuse car elle rappelle que de nombreux navires, et notamment les paquebots, ont leur nom écrit en grandes lettres lumineuses; ce qui pourrait faire croire que le Lydia est navigant et engendrer ainsi des erreurs de navigation de la part d’autres bateaux, conduisant à leur échouement.

On a sans doute peur à l’époque que cette éventuelle confusion ne transforme la côte à proximité en cimetière marin ou en chantier de démolition comme la baie d’Alang !

Le cauchemar de l'administration 😉

Il faut reconnaître que cet éventualité a de quoi faire désordre sur un littoral que l’on prévoit de dédier entièrement au tourisme balnéaire et aux sports nautique !

Cette crainte peut faire sourire aujourd’hui, mais il faut se rappeler qu’à l’époque le Lydia est seul au monde sur le sable et que les constructions et immeubles à côté sont inexistants et, de fait, ne peuvent pas lever le doute pour un navigateur peu expérimenté.

Petit rappel de la règlementation concernant les feux de route d'un navire

Finalement la commission demande principalement à la SEMETA, qui est alors encore propriétaire du navire, de ne jamais allumer aucun des feux de route ou de mouillage. En outre la coque du Lydia est entièrement éclairée côté mer par de puissants projecteurs ce qui ne laisse aucun doute sur sa nature.

Les projecteurs côté mer
Les illuminations ne laissent pas de place au doute

Aujourd’hui plus de doute sur la nature échoué du « Paquebot des sables » mais il n’en demeure pas moins qu’à proximité des côtes, le Lydia constitue un amer remarquable pour les navigateurs !

A noter que l’enseigne lumineuse qui surplombait le Lydia s’est effondré au début des années 2000 et n’a jamais été remise en place.

Début 2000, l'enseigne lumineuse, rongée par la rouille, s'est effondrée

                                                                                  Alba Olivier

D’après l’ouvrage Phares et feux de l’Aude et du Roussillon– François Brun – Editions Tech-épaves.

 

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Août 1978, les Pieds Nickelés s’emparent du Lydia- Épisode 2 (fin)-

…Le faux prince arabe fait une entrée remarquée au casino du Lydia:

Leur plan est de faire perdre beaucoup d’argent au “prince arabe”. L’argent perdu n’existant pas puisqu’ils payent en billets à ordre, ce qui se fait couramment pour les très grosses fortunes dont on garantit la solvabilité. En revanche l’un des trois compères récupère des plaques de jeu et va se les faire rembourser en passant pour un joueur chanceux:


Le “roi du pétrole” flambe et distrait l’attention:

Pendant ce temps, le complice encaisse certaines plaques non jouées:

Mais tout se complique lorsque Kuniko, par déférence, demande à un des serveurs arabe du casino de porter une coupe de champagne au “prince” et de s’adresser à lui dans cette même langue:

Évidemment le “prince” ne comprend un mot de ce qui lui est dit ce qui met la puce à l’oreille de Kuniko:

 

 

 

 

Cette révélation du serveur lui démontre qu’elle est en train de se faire escroquer, ce qui la met dans tous ses états. Elle veut alors, à l’aide du personnel du casino, se saisir des trois comparses:

 Pour eux ne reste qu’un seul salut: la fuite….

……mais ils se retrouvent bloqués sur les ponts supérieurs:

 

Les trois amis, oubliant que le paquebot est noyé dans les sables, décident de sauter par dessus bord pour rejoindre Port-Leucate à la nage:

Evidemment ce qui doit arriver arrive, les trois larrons se plantent lamentablement dans le sable:

 Et ils se font cueillir par la maréchaussée…

 

… A laquelle, naturellement, ils fausseront compagnie:

Fin de l’aventure…

L’épisode précédent ICI

                                                                                  Olivier Alba

couv pieds nickelés

Août 1978, les Pieds Nickelés s’emparent du Lydia- Épisode 1 –

En 1978, le dessinateur Pellos fait un séjour sur la station de Port-Barcarès dans le cadre d’une résidence d’artiste. Son séjour lui inspirera une histoire: Les Pieds Nickelés sur le Lydia, parue dans un petit fascicule nommés “Trio” en août 1978. Le luxueux casino n’a plus que quelques mois à vivre mais ça nos personnages l’ignorent. On y croise notamment une certaine Kuniko Tsutsumi

Dans cette aventure les trois compères, Filochard, Ribouldingue et Croquignol sont en séjour à Port-Barcarès:

…Alors que les trois compères piquent un somme, c’est la surprise…

Ils n’en croient pas leurs yeux!

…Mais rapidement leur nature profonde prend le dessus et, lorsqu’ils apprennent que c’est un casino, les trois comparses échafaudent un plan…

…Leur plan est de se faire passer pour de riches clients venus des pays du Golfe...

…Mais évidemment comme ils n’ont pas d’argent, ils demandent à jouer avec des billets à ordre ce qui laisse Kuniko Tsutsumi (eh oui, c’est bien elle!) sceptique…

...Même si elle finit par accepter devant la promesse d’un riche nabab jouant dans son casino et prêt à perdre des millions 

De leur côté, les trois comparses ont tout préparé:

Le plan est en place il ne leurs reste plus qu’a le mettre à exécution….

….La suite ICI

                                                                   OLIVIER ALBA

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Le classement des plus vieux paquebots du monde: le n°4: Le M/S Lydia (ex-M/V Moonta)

Le quatrième plus vieux liner référencé est le paquebot Lydia (ex-Moonta)

Lancé en 1931 et conservé aujourd’hui sur la plage du Barcarés (dep 66) – France

Un peu d’histoire…

Du paquebot-mixte…

Le Lydia est un petit paquebot mixte construit par les chantiers navals Burmeister & Wain au Danemark pour la compagnie Adelaide Steamship Co Ltd.

Cette compagnie désirait acquérir un paquebot à moteur diesel pour l’exploiter sur les lignes du sud et de l’est de l’Australie. Son parcours autour du Golfe de Spencer, baptisé “Gulf Trip”, le rendra extrêmement populaire. Son nom originel, Moonta, provient de la ville de Moonta en Australie-Méridionale.

Pendant la guerre le Moonta sera l’une des rares unité allié à ne pas être mobilisée. Le Moonta continuera donc son service civil, en embarquant un canon en poupe, devenant ainsi un DEMS .

Au milieu des années 50′, le Moonta est de plus en plus concurrencé par les autres moyens de transport en plein développement. Face à cette réalité, l’Adélaïde Steamship Co se résout à mettre le paquebot en vente. Il est acquis en 1955 par une compagnie grecque, la Hellenic Méditerranéan Line qui souhaite renforcer sa flotte en Méditerranée. Cette dernière le rebaptise Lydia, du nom grec de Lydie (en grec Λυδία), un ancien pays d’Asie Mineure dont l’un des roi fut un certain Crésus. 

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Après transformations au Pirée, sa capacité  passe de 140 à 280 passagers. Dans un premier temps il est mis sur la ligne Adriatique Venise/Brindisi, puis, très rapidement il est réaffecté pour une circumnavigation en Méditerranée sur la ligne Marseille-Beyrouth, via Gênes, Naples, Le Pirée, Alexandrie et Limassol.

Au début des années 60′ ses aménagements interieurs sont remodelés pour le convertir en navire à classe unique. Il reçoit pour l’occasion une nouvelle livrée grise et blanche, couleurs qu’il gardera jusqu’à la fin de sa carrière sous pavillon grec.

Il est désarmé en 1966, et mis à la vente pour être démoli.

… Au navire ensablé :

Coup de théâtre: après avoir été désarmé, le navire est racheté juste avant la noël 1966 par la SEMETA, société mixte en charge de l’aménagement de la toute nouvelle station balnéaire à naître de Port-Barcarès dans les Pyrénées Orientales (France). Leur objectif est d’en faire le symbole de cette opération d’aménagement et de marquer la volonté forte de l’ État de valoriser cet immense lido désertique coincé entre la Méditerranée et l’étang de Salses.

                                                                                     

Après des transformations à la société provençale des Ateliers Terrin à Marseille, il est convoyé en juin 1967 vers son port d’attache définitif.

Arrivé sur place, les travaux d’échouage débutent. Un chenal de 600 m et une souille (port artificiel) sont creusés pour l’amener jusqu’à son emplacement actuel et le déposer sur la plage, près de trois mètres au-dessus du niveau de la mer.

Le “Paquebot des sables” est né!

La croisière immobile:

Après de coûteux travaux d’aménagement, le Lydia est luxueusement transformé en centre de loisirs comprenant trois bars, un snack, une discothèque,  un restaurant, des douches et une piscine. Un hôtel et un casino sont prévus.

Le “Paquebot des sables” est vendu en 1973 par la socièté mixte qui en a la charge. Il est acheté par Kuniko Tsutsumi, femme d’affaires japonaise, qui le transforme casino de luxe.

D’importants travaux sont menés pour adapter le navire à sa nouvelle fonction. La décoration très marine du paquebot fait donc place à une décoration 70′, luxueuse certes mais qui se démodera hélas très vite.

En 1978, suite à la concurrence des casinos espagnols et prise dans des tourments financiers, Kuniko Tsutsumi, la mort dans l’âme, revend le Lydia. L’âge d’or s’achève à l’orée des 80′.

L’ère des casinotiers, grandeur et décadence

 

Dans les trente années qui vont suivre, le paquebot va lentement se dégrader sous la férule de trois groupes de casinotiers, qui vont délaisser son entretien, le mutiler voire le piller (Moliflor, la holding Grand Sud, le groupe Partouche).

Le navire est pillé pour ne devenir qu’une carcasse vide et sans charme.  Il est plastiqué par des truands en 1983.

En 1997, le ministre de l’intérieur ferme le casino pour « graves dysfonctionnements dans la gestion financière ».

Rouvert en 2004 par le groupe Partouche, ce dernier casinotier jette l’éponge définitivement quelques années plus tard.

Entre temps ce dernier casinotier aura entrepris une campagne de sablage de la coque.

 Aujourd’hui:

 

Il est racheté par la mairie du Barcarès en 2011. Après quatre ans pendant lesquels le Paquebot vivote, des travaux de rénovation sont engagés en 2014.Depuis cette date chaque année voit une campagne de travaux qui permettent, petit à petit, de le faire renaitre (campagne (1) (2) (3) (4 )). Il accueille aujourd’hui évènements et expositions.

                                                    

                                                                                Olivier Alba  

 

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Les aménagements du Lydia en 1967

Juste après l’échouage du navire en 1967, la SEMETA va se lancer dans une série d’aménagements qui visent à transformer et adapter le navire à sa nouvelle destination: Un centre d’activités touristiques

Sont prévus alors: Une discothèque (le Trunk club), des boutiques (le Trunk store), une salle de conférence pour la SEMETA, un hôtel (qui n’ouvrira jamais) ainsi qu’un snack (la Cambuse). Nos recherches nous ont amenés à retrouver les devis des travaux donnant un détail précieux sur la qualité de ceux-ci ainsi que les matières utilisées. A vous de les découvrir dans les documents qui suivent:

Quand on pense que tout (ou presque)  disparaîtra cinq ans plus tard lors de la reconversion du Lydia en casino…Mais c’est une autre histoire…

                                                                                                                                 Olivier ALBA

lydia

Les campagnes de rénovation du Lydia -épisode 1

Suite au retrait du dernier des casinotiers, le Paquebot des sables va connaître plusieurs campagnes de rénovation à partir de l’année 2015. Campagnes salutaires de la dernière chance.

Campagne 2014/2015

Une accumulation successive de structures "casse" le ligne du "Paquebot des Sables"
En vue aérienne le navire pris dans son carcan (crédit photo Google)

Le Lydia est à ce moment-là enserré dans une gangue de bâtiments annexe, extrêmement disgracieux et cassant la ligne pure du navire. La priorité est alors donnée de le débarrasser de tout ce béton.

Côté mer les systèmes de clim et chauffages sont à même la coque beurk!
Démolition des structures avant, on respire ! (crédit photo Xavier Cuvelier-Roy)
La silhouette réapparait peu à peu ! (crédit photo Xavier Cuvelier-Roy)

Côté terre, le bloc de béton vit ses dernières heures….

La coque avait été, hélas, largement ouverte, les ferronniers sont au travail pour reboucher ces cicatrices

On en profite pour reboucher les larges ouvertures qui avaient été faites dans la coque ….

Côté mer la démolition du “Patio a commencé elle aussi….

La vue sur mer était affreuse...
Il y avait un navire derrière le béton !

…Avouons que c’est mieux là aussi !

Sur la plage avant il y a aussi du changement: Le restaurant “Isadora” construit dans les années 70′, et très dégradé, est démoli:

Crédit photo Hobbies Blog

L’ “Isadora” avait été construit sous l’ère japonaise pour accueillir un restaurant en lieu et place de l’ancienne piscine des années 60′.

La place nette, petit à petit le Lydia retrouve une silhouette conforme à l’origine:

Une dalle de béton avait elle aussi été coulée sur le pont. Les employés municipaux font place nette.

Sous une dalle en béton on retrouve le pont en tôle d’origine et l’espace de l’ancien “Deck bar” des années 60′

L'ombre portée rappelle l'emplacement de l'ancienne piscine

Vu de plus loin

Le roof se dégage à nouveau de la plage avant

Le résultat final :

Sous le gaillard avant la structure est rénovée et repeinte (crédit photo Marie-Hélène Cuvelier-Roy)

Et ce n’est que le début…Le chantier se poursuit aujourd’hui…

A suivre….

La seconde tranche de travaux ICI

Olivier Alba

Président de l’AAML