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Le Moonta devient Lydia: La période grecque (Hellenic Mediterranean Line)

Après 24 ans de bons et loyaux services au sein de l’Adélaïde Steamship Co Ltd, Le Moonta est mis en vente par la compagnie australienne.

 

 

 

 

Un temps utilisé comme ferry pour remplacer du Taroona, il trouve au bout de six mois acquéreur auprès d’un armateur grec, la Hellenic Méditerranéan Lines (ELMES). Celle-ci prend possession du navire à Melbourne le 21 décembre 1955 et le bateau est rebaptisé Lydia, du nom d’une ancienne province grecque de l’antiquité. Cette province mythique traversée par le fleuve Pactole et sur laquelle régna le célèbre Crésus. Un nom prédestiné à assurer la bonne fortune du navire nouvellement acquis.

 

 

Le navire appareille alors pour le Pirée, son nouveau port d’attache. A Adélaïde, le Lydia embarque un équipage grec qui doit se familiariser avec le navire.

C'est déjà bien le Lydia et plus le Moonta- regardez bien les couleurs en haut du mât arrière !
Nikos Kavvadias (Νίκος Καββαδίας) à bord du Lydia

 

 

 

 

Dans les hommes embarqués, le célèbre écrivain de marine grec Nikos Kavvadias (Νίκος Καββαδίας) connu notamment pour son roman très noir «Vardia» (Le Quart) paru l’année précédente.

Le voyage vers la Grèce se fait via les îles Coco et le canal de Suez. A l’arrivée le navire part pour une inspection détaillée. Le paquebot est dans un état exceptionnel, au niveau de la rigueur navale anglo-saxonne!

 

Selon un journal grec de l’époque, le nouvel armateur s’extasie même de l’exceptionnel état dans lequel se trouve le paquebot nouvellement acquis le jugeant même “d’une propreté de haut niveau presque exagérée” (sic)

 

 

Le navire retraverse donc la moitié du globe pour joindre les eaux de la Méditerranée qu’il avait visité une première fois 24 ans plus tôt.

 

Arrivé en Grèce, il passe par les chantiers du  Pirée où il subit quelques transformations pour l’adapter à sa nouvelle destination: une navigation à travers la Méditerranée.

 

La capacité est doublée, passant de 157 à 280 passagers, et l’on installe quatre canots supplémentaires, portant le chiffre total d’embarcations de sauvetage à huit.

 

Sa plage arrière est elle aussi modifiée  pour recevoir, en lieu et place de l’ancien espace de tennis de pont, une petite dunette accueillant des cabines équipage supplémentaires ainsi qu’une infirmerie.

Le navire est divisé en trois classes: 51 passagers en première classe, 106 pour la classe «touriste» et enfin 123 en troisième classe qui s’entassent dans un grand dortoir à lits superposés situé sur le pont B au-dessus des cales avants.

Il est aussi prévu que le paquebot puisse emporter 180 «embarquants» supplémentaires en «plein air» sur la plage avant, et ce uniquement pour de courtes traversées. Rien n’indique d’ailleurs que cette éventualité ne fut réellement utilisée un jour… On peine à imaginer le Lydia chargé à ras les pavois de 460 passagers.

Brochure HML
Le pont promenade

                                             Dépliant publicitaire Hellenic Mediterranean Line (ELMES)

 

Au printemps 1956, il reprend enfin du service sur le trajet Le Pirée/ Venise/Brindisi/Alexandrie, mais très rapidement il est affecté à une autre ligne reliant Marseille à Beyrouth, avec escales à Gênes, Naples, Le Pirée, Alexandrie et Limassol Chypre).

Au retour, il ajoute une escale à Port-Saïd, au débouché du canal de Suez. 

Dés son entrée en service le Lydia va être pris dans les tourments de l’histoire car, en 1956, suite à la privatisation du canal de Suez, il va embarquer dans un premier temps les familles des européens qui travaillaient pour la compagnie du canal.

La fin d’un âge d’or pour ces expatriés qui retrouvent le chemin de la métropole.

 

 

Très peu de temps après c’est le tour des juifs égyptiens que Nasser a désigné comme Personna non grata suite à la guerre contre l’état d’Israël et l’opération franco-britannique de Suez. Ces événements passés, le Lydia retrouve la tranquillité de son périple autour de la Mare Nostrum sans incident notoire.

A l’orée des années 1960′, le Lydia subit une ultime refonte. A cette occasion, le navire reçoit une nouvelle livrée grise, couleur plus adaptée au climat méditerranéen et couramment employée dans la marine commerciale grecque. En outre, la dunette est surmontée d’un coupe-vent sur son avant pour rendre l’endroit plus agréables aux classes “touristes” qui sont seuls à profiter de la partie arrière du paquebot.

 

 

 

A l’orée des années 1960, le monde change et les anciennes première classe et classe touriste sont refondues en une seule «uniclass», plus en accord avec les mentalités de l’époque.

                                              Photos passagers prises à bord du Lydia courant les années 1960′

Ce trajet à travers la Méditerranée ne dure que dix ans et en décembre 1966, le  Lydia, regagne définitivement le Pirée après 35 ans de service à la mer, dans l’attente d’un acheteur ou plus probablement du départ pour le chantier de démolition…

…C’est là que va se jouer le fabuleux destin de celui qui va devenir le Paquebot des sables…

Olivier Alba

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la plage du Lydia, terrain d’expérimentation !

Ces dernier jours, confinement  et arrêté préfectoral obligent, les badauds étaient fort peu nombreux à assister à une expérience unique réalisée sur la plage du Lydia. La municipalité avait pourtant invité le président de l’AAML à y assister. Celui-ci ne pouvant s’y rendre, il a envoyé en délégation le vice-président, M Legros-Faique.
Derrière le “Bateau”, les employés s’affairent de peur que l’autorité ne leur tombe dessus à bras raccourcis.
Le directeur des services techniques explique: “Nous expérimentons la vaporisation d’une mousse bactéricide et virucide sur la plage pour préparer l’après-confinement. C’est important de rassurer les touristes qui viendront au Barcarès cet été, il en va de la réussite de la saison. Cette pratique va se généraliser sur toutes les plages de la commune, même si cela a  un coût non négligeable. En outre cette mousse disparaît au bout d’une demi-heure et n’a aucun impact sur l’environnement”
La mousse disparaït au bout d'une demi-heure

Le maire du Barcarès, Alain Ferrand est intarissable sur le sujet: “Gérer c’est prévoir » assène-t-il!  « De plus, nous pourrons désinfecter et nettoyer tout le site de l’Electrobeach à la fin du festival grâce à la même méthode. Avec la musique, ça va être la plus grande soirée mousse d’Europe!” et de rajouter: “l’odeur de cette mousse est persistante pendant plusieurs semaines, on peut lui donner l’odeur que l’on désire. Pour cette année, le parfum choisi est le parfum Mojito, qui fait invariablement penser aux vacances et qui est particulièrement apprécié de la clientèle féminine”. Il termine: “L’innovation fait partie de l’ADN du Barcarès, nous allons devenir la première destination touristique olfactive!”

La mousse recouvre la plage

 

 

Les réactions ne se sont pas faites attendre, notamment de la part de l’Association de Défense du Patrimoine Catalan. Son président M. Jordi Férence, affiche bonne mine mais reste inflexible:

“C’est peut être une bonne idée, nous ne nous prononcerons pas sur l’aspect sanitaire, mais l’odeur Mojito semble inappropriée. Pour immerger le touriste nous aurions préféré l’odeur d’une bonne sardinade bien de chez nous! Nous avons sollicité un entretien auprès de Monsieur le maire pour voir s’il est disposé à revoir le projet. ”

Le son de cloche est un peu plus incisif du côté du responsable régional du domaine maritime: “L’absence d’impact sur l’environnement n’a pas été totalement démontré; certaines études suggèrent même que cette mousse aurait un impact sur la reproduction du cumin couché et de la jacinthe des sables qui, comme vous le savez, sont des espèces endémiques de notre espace dunaire. Une étude granulométrique du sable avec la méthode de l’analyse spectrométrique des pollens sera nécessaire pour que nous avalisions la méthode. Et outre, la mousse se mélange à l’eau de mer et a tendance à donner au poisson un goût de “pas frais”. Il serait dommage que les pêcheurs qui vivent ici dussent se justifier auprès de leurs clients sur la fraîcheur de leur étal. De toute façon ce genres d’analyses complémentaires c’est automatique avant que nous puissions donner notre accord “

Bref comme à l’habitude, rien n’est simple dans ce village d’irréductibles pêcheurs gaulois, gageons que, comme d’habitude, tout se terminera autour d’un gigantesque banquet. Espérons que cette fois-ci le barde ne finisse pas attaché à un arbre*

*texte satirique écrit à l’occasion du 1 er avril en hommage à l’immense Albert Uderzo qui nous a quitté il y a peu…