Le « Paquebot des sables », piège pour les navigateurs ?

Alors que le Lydia entame sa carrière sur les sables depuis bientôt cinq mois, dans un rapport daté du 8 décembre 1967, les ingénieurs des PO émettent l’hypothèse que le Lydia présente un risque pour le trafic maritime.

En effet, sa présence particulièrement insolite sur le bord de la côte (à 120 mètres de la mer) inquiète certains responsables de l’administration. Ils pensent que le “Paquebot des sables” risque d’induire en erreur des navigateurs. Ils préconisent alors de le baliser.

Le "paquebot des sables" n'a jamais aussi bien mérité son nom: Il est seul au milieu de nulle part ! (photo août 1967)
L'enseigne pour l'hôtel avait bien été apposée sur la coque en 1967

Pourtant, face à ce problème, le Préfet Maritime ne voit pas la nécessité  d’un balisage particulier. Il est demandé tout de même au propriétaire du paquebot d’installer une enseigne lumineuse visible du large et reproduisant en lumière blanche fixe le mot HÔTEL

(il est encore question a ce moment là d’en ouvrir un à bord) ou tout autre mot ne prêtant à aucune confusion sur la nature du navire.

Feu rouge à tribord
Feu de poupe (blanc)
Au début de sa carrière tous les feux de positions du Lydia sont en place et fonctionnels: Il aurait été tentant de les allumer la nuit (sur la photos le feu vert babord et le feu de tête de mât)

Mais la Commission des Phares n’est pas favorable à l’installation de cette enseigne lumineuse car elle rappelle que de nombreux navires, et notamment les paquebots, ont leur nom écrit en grandes lettres lumineuses; ce qui pourrait faire croire que le Lydia est navigant et engendrer ainsi des erreurs de navigation de la part d’autres bateaux, conduisant à leur échouement.

On a sans doute peur à l’époque que cette éventuelle confusion ne transforme la côte à proximité en cimetière marin ou en chantier de démolition comme la baie d’Alang !

Le cauchemar de l'administration 😉

Il faut reconnaître que cet éventualité a de quoi faire désordre sur un littoral que l’on prévoit de dédier entièrement au tourisme balnéaire et aux sports nautique !

Cette crainte peut faire sourire aujourd’hui, mais il faut se rappeler qu’à l’époque le Lydia est seul au monde sur le sable et que les constructions et immeubles à côté sont inexistants et, de fait, ne peuvent pas lever le doute pour un navigateur peu expérimenté.

Petit rappel de la règlementation concernant les feux de route d'un navire

Finalement la commission demande principalement à la SEMETA, qui est alors encore propriétaire du navire, de ne jamais allumer aucun des feux de route ou de mouillage. En outre la coque du Lydia est entièrement éclairée côté mer par de puissants projecteurs ce qui ne laisse aucun doute sur sa nature.

Les projecteurs côté mer
Les illuminations ne laissent pas de place au doute

Aujourd’hui plus de doute sur la nature échoué du « Paquebot des sables » mais il n’en demeure pas moins qu’à proximité des côtes, le Lydia constitue un amer remarquable pour les navigateurs !

A noter que l’enseigne lumineuse qui surplombait le Lydia s’est effondré au début des années 2000 et n’a jamais été remise en place.

Début 2000, l'enseigne lumineuse, rongée par la rouille, s'est effondrée

                                                                                  Alba Olivier

D’après l’ouvrage Phares et feux de l’Aude et du Roussillon– François Brun – Editions Tech-épaves.

 

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