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Les “vies du Lydia” depuis son arrivée. Épisode 4: L’époque de la Holding “Grand Sud”

ÉPISODE 4: L’époque de la Holding “Grand Sud” (1988/2000)

1988, Sale temps pour le Lydia. Le Paquebot des sables ne s’est jamais vraiment remis du plasticage et Roland Vonné, l’apôtre des nuits barcarésiennes, est parti depuis trois ans. Concernant les intérieurs, la luxueuse décoration de l’ère Tsutsumi est complètement passée de mode. Par manque d’entretien, le navire se dégrade et les frais pour une remise en état deviennent prohibitifs. Cet état de fait entraîne la mise en vente du Lydia par le groupe Moliflor qui recentre ses activités sur Canet (66). Dans l’intervalle de la vente,un certain nombre d’éléments disparaissent comme du mobilier et bien d’autres choses. Citons en vrac les éléments de la timonerie, le lustre de l’escalier, la superbe table en acajou de trois mètres de diamètre sur laquelle le nom ΛΥΔΙΑ est apposé.

Bref, c’est une coquille presque vide qui est vendue à la holding “Grand sud”.

Malgré le fait qu’un ravalement de façade est négocié à la vente, le paquebot est simplement blanchi à la va-vite, ce qui deviendra la norme durant les 12 années qui suivront.

Concernant l’aménagement intérieur, la discothèque est redécorée dans un style “industriel” et prend un nouveau nom: La Machinerie. Le gris domine, les tuyaux sont apparents. On peut toucher la coque mise à nue.

Le casino concentre son activité au rez-de-chaussée dans la salle arrière et dans le “Blockhaus” en béton qui fait office d’entrée et qui défigure depuis cinq ans la ligne du “bateau”. Le pont B, quant à lui, fait office de salle de spectacle, dans ce qui fut le luxueux casino de l’ère Tsutsumi. De grandes salles endormies où un crépi blanc a remplacé les laques rouge tendues…

Le pont B à l'emplacement de l'ancien casino de l'ère japonaise

Un restaurant prend place sur la plage avant: le “côté mer“, à la décoration bas de gamme.

Une visite du bateau est ouverte et une exposition de coquillages prend place sur le pont B avant, à l’emplacement de l’ancien piano-bar.

Quelques mois plus tard, le casino obtient l’autorisation de se doter de bandits manchots.

Hélas rien ne va plus et ce, depuis longtemps. La crise s’installe. Les recettes ne couvrent pas les frais et l’on rogne sur l’entretien.

Climatiseurs et autres verrues s’accolent à la coque, cachant  encore plus la ligne du paquebot. 

En 1992, le journal local l’Indépendant s’émeut même de l’état de carcasse rouillée du paquebot qui défigure la ville. Le paquebot des sables n’est plus qu’une épave et la visite est fermée. 

Les ponts prennent l’eau, les bastingages se désagrègent, le bois pourri est bouffé par les champignons. Les chaloupes sont retirées du pont des embarcations et certaines sont vendues!

Par endroit on coule même du béton sur les ponts, quand ils ne sont pas recouverts de goudron en plaques…

Côté mer (bâbord) une large esplanade en pavés autobloquants vient enserrer la coque et des constructions disgracieuses sont accolées au paquebot. Désormais côté terre ou côté mer, il est bien difficile de trouver un point de vue a peu prés acceptable pour les photos souvenir. A tel point que le Lydia disparait des cartes postales et que les Barcarésiens ont honte d’indiquer la direction du paquebot aux rares touristes qui s’enquièrent encore de sa localisation…

La même année, et face au tollé, quelques travaux de bricolage sont entrepris et une rumeur parle même de vente à un groupe “la générale immobilière.”

Las l’affaire capote et le Lydia continue de se dégrader. Coup de grâce: le ministère de l’intérieur ferme les jeux en 1997. 

Pendant les trois années qui vont suivre, le paquebot fantôme ne sera plus que l’ombre de lui-même: L’enseigne lumineuse s’effondre, la cheminée se perce, tous les hauts, fermés, se désagrègent dans l’indifférence. Le déficit d’exploitation devient abyssal.

 
 

Le Lydia n’a pas fini de mourir… 

                                                                          Olivier Alba 

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